j’ai 61 ans, et je suis directeur d’une association bien connue dans le domaine de l’art contemporain sur Pamiers, Les Mille Tiroirs. A ce poste depuis plus de dix ans, j’ai travaillé avec le monde scolaire, le monde associatif, avec les médiathèques de la Communauté de Communes du Pays d’Ariège Pyrénées, avec le CHIVA aussi.
J’ai travaillé en bonne entente avec les services culturels de la mairie de Pamiers, dont je connais les forces – personnel qualifié et dévoué à la Maison des Associations et aux services techniques – et les faiblesses, qui sont de plusieurs ordres, mais tiennent surtout à des problèmes d’organisation et de recrutement. Auparavant, je suivais l’actualité de la mairie et des conseils municipaux pour le compte d’un journal local, et j’ai enseigné pendant longtemps à l’université de Toulouse Jean Jaurès, dans un master de création numérique.
Connaissant la ville depuis toujours, je peux dire que l’ai vue dans tous ses états, depuis les années 60 où les ouvriers de Creusot Loire étaient aussi agriculteurs et où la ville était très marquée à la fois par son passé agricole, et par l’empreinte de la religion. C’était une ville secrète, derrière les hauts murs du Carmel, du séminaire, mais aussi une ville festive, volontiers frondeuse, impertinente et chaleureuse.
Et puis j’ai reconnu de moins en moins ma ville. Les centres commerciaux ont poussé comme des champignons. Les commerces du centre ville ont peu à peu disparu. Un commerçant me disait l’autre jour : « avant, il y avait peut-être des voitures dans tous les sens, mais ça vivait. Maintenant, la ville est morte ». La ville est morte, elle est triste, et je dirai aussi qu’elle est profondément partagée entre des zones de pauvreté extrême, et de grandes richesses industrielles et commerciales. La ville, surtout, a perdu son identité. Elle s’est vendue au culte du profit, dans une dynamique qui était celle des années 45 à 75, les fameuses trente glorieuses, mais qui n’est plus d’actualité.
La ville que je vois maintenant est schizophrénique. Elle n’a plus les racines qui l’ancrent dans son passé – religieux, industriel, paysan – et elle n’est pas assez en prise avec le présent, avec la façon dont certaines villes ont pu se réinventer. La ville doit se retrouver, puis se réimaginer. Elle doit avoir une vision pour son avenir, ce qu’elle a perdu depuis longtemps.
Mais pour que cette vision soit partagée par tous, la ville doit aussi se reconnecter avec tous les éléments de son passé, religieux, industriel, paysan. Ce travail ne peut pas se faire par un coup de baguette magique, ni de façon intellectuelle. Il peut se faire par des actions concrètes : ici, aider à mieux faire connaître l’histoire de la ville, par des moyens contemporains ; là, organiser des manifestations festives qui brassent toutes les populations ; et dans un même mouvement, projeter la ville vers l’avenir, ce qui veut dire prendre en compte les façons d’habiter, de circuler, de partager la culture, qui soient respectueuses des enjeux environnementaux.
Chez les jeunes urbains, ceux qui vivent déjà à Pamiers, et ceux que nous souhaiterions attirer, il y a une envie de vivre l’urbanité différemment. C’est à dire pouvoir circuler dans la ville à vélo sans risquer de se faire accrocher. Pouvoir aller au spectacle en venant avec ses enfants. Pouvoir partager avec l’équipe municipale en place une gestion sincère et honnête des comptes et des orientations de la ville.
Voilà pourquoi j’ai rejoint l’équipe de Pamiers Citoyenne, menée par Daniel Mémain, parce que je suis persuadé que cette équipe et ce maire sauront imaginer, avec tous les habitants de la ville, l’avenir de Pamiers. Voilà pourquoi je crois que nous pouvons, avec des actions concrètes, et non des engagements irréalistes et des promesses intenables, réussir à redonner aux appaméens la fierté d’habiter leur ville.