Covid19 dans les abattoirs
« Des dizaines d’usines de conditionnement de viande ont été des nids de contagion. Des milliers d’ouvriers sont tombés malades, plusieurs dizaines sont morts ».
Voici le titre d’un article de Médiapart (22 mai) qui rapporte les ravages du covid 19 en Amérique du Nord.
En France, 69 cas dans un abattoir des Côtes-d’Armor et 34 cas dans un site du Loiret.Travailleurs essentiels et pourtant invisibles, ils sont particulièrement exposés en raison de leurs conditions de travail.
Vincent Heredia, artisan-boucher retraité, candidat sur la liste Pamiers Citoyenne, témoigne de son expérience de travail dans les abattoirs :
“Et maintenant voila le virus dans les abattoirs, et surtout dans les salles de découpe de l’industrie de la viande.
Toute cette filière est gérée par des groupes internationaux où le capitalisme mondial se gave sur le dos des travailleurs traités comme des esclaves et payés au lance pierre.
Si je vous en parle c’est parce que j’ai fait partie de ces forçats de la viande, dans ces lieux où les accidents sont légions, j’y ai moi-même laissé un petit morceau de main.
Donc je vous raconte un peu comment cela se passe.
Tout d’abord la raison pour laquelle ces salles se sont créées est la rentabilité. En effet la grande distribution trouvait que les bouchers revenaient trop cher et les spécificités de la profession entrainaient un manque de personnel qualifié ; mais cela nous donnait sur le patronat une certaine force lors des négociations salariales.
Ils ont donc créé les salles de découpe et des abattoirs industriels qui imposent des cadences infernales avec un minutage très précis et contraignant. Cette cadence infernale du travail de la viande provoque des accidents à répétition et des altercations parfois violentes entre les personnes sous pression. Sans oublier les horaires décalés et les conditions de travail difficiles (le froid, le bruit, les odeurs…) .
Alors comme partout dans l’industrie, les travailleurs français étant trop chers pour ces vautours, on a fait venir des travailleurs détachés d’autres pays au nom de la sainte rentabilité si chère à la société capitaliste.
Alors là on atteint le paroxysme du sordide : conditions de travail encore plus dégradées, conditions d’hébergement indignes, salaires de misère.
Et voila que maintenant un virus arrive, comme un grain de sable, enrayer la machine capitaliste basée sur le consumérisme à outrance.
Alors, oui, revenons à l’humain !
L’humain d’abord ! Que des pratiques humanistes prennent enfin place face à la finance !!”