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Donation Serge Pey… Epilogue !

15 avril 2022
Aujourd’hui où le poète Serge Pey a rendu publique une lettre  dans laquelle il met en cause la mairie de Pamiers,
sous le titre « les Muses amusées sont tombées dans un Pamiers percé  » 2022 04 09 Serge PEY courrier à madame la maire de Pamiers
… je voudrais revenir sur cette affaire et sur ce qu’elle révèle des dysfonctionnements de la mairie de Pamiers. 
Car oui, on peut d’emblée parler de dysfonctionnements, quand on voit qu’une lettre mettant  en cause la mairie et au-delà de la mairie la ville de Pamiers, est publiée aux quatre coins de l’Occitanie et au-delà, et ira durablement ternir l’image de notre cité. Comment en est-on arrivé là ?
C’est lors de la commission culture du 06 juin 2021 que  j’apprends, en direct, le projet d’accepter la donation des œuvres du poète et plasticien Serge Pey, pour stockage et exposition au Carmel de Pamiers. Tout de suite, je suis saisi par le côté étrange et inadapté de ce projet. Je sais, par mon expérience de directeur de la structure Les Mille Tiroirs, qu’il y a des liens personnels très forts entre Serge Pey et l’adjoint à la culture Jean-Luc Lupieri, et je devine tout de suite que des raisons personnelles ont guidé le choix de cette proposition. 
Lors de cette même commission, je m’oppose frontalement à cette initiative en prenant l’exemple de la donation Daniel Cordier aux musée des Abattoirs de Toulouse, comme je l’avais noté dans un compte rendu transmis à l’équipe de Pamiers Citoyenne. Ceux qui fréquentent régulièrement le musée toulousain savent que chaque année une exposition du fonds Daniel Cordier est montrée aux Abattoirs, et que cela, mathématiquement, réduit l’espace dédié aux autres expositions, notamment celles qui pourraient donner à voir de jeunes artistes. 
J’objecte en séance que la donation de cet artiste vivant orienterait et fermerait la programmation du Carmel, qui n’existe pas encore comme lieu d’art, et qui est en train, tout doucement, de faire sa mue de lieu sacré en lieu d’art, comme beaucoup de bâtiments dédiés au culte l’ont fait avant lui. A cela, Jean-Luc Lupieri a une réponse immédiate : « la donation ne fermerait pas le lieu, elle l’ouvrira ». Par la suite, il développera son propos, en arguant que la personne et l’œuvre du poète ouvrirait sur le monde de l’art-performance, sur la poésie, sur l’occitan, et cela jusqu’au Japon où le poète est bien connu. Soit. Mais parlant de cette affaire au cours du même été au directeur de « Vidéoformes », grand festival de vidéo de Clermont Ferrand, j’entendrai cette réponse : « Serge Pey ? Je ne connais pas ». 
Comme quoi, on peut être mondialement connu au Japon, mais inconnu d’un directeur très expérimenté d’une structure au rayonnement reconnu, dans une région limitrophe de la nôtre. Lorsque je ferai cette réflexion à l’adjoint à la culture, il me répondra « on s’en fiche ». 
Lors du conseil municipal suivant, le 22 juin, il nous est demandé de voter pour le projet d’acceptation par la mairie de Pamiers d’une donation du fonds de l’artiste et poète Serge Pey. Le groupe Pamiers Citoyenne s’y oppose et propose qu’une commission soit créée, composée de membres extérieurs à la ville de Pamiers et compétents dans leurs domaines – artistes, commissaires d’art, conservateurs de musée, etc.. Cette demande n’est ni rejetée formellement par Madame la maire, ni approuvée. Lors de la commission culture suivante, je réitérerai cette demande, en n’obtenant de Jean-Luc Lupieri qu’une réponse cinglante « de toutes façons, le projet se fera ».  
Voyant que je n’arriverai pas à convaincre les élus de l’équipe Thiennot avec des arguments énoncés en conseil municipal ou en commission, je décide d’écrire un mémorandum qui sera remis aux intéressés. 
Comme je m’interdis de répondre par des arguments personnels à une initiative personnelle, et surtout de porter des appréciations personnelles sur la qualité et l’intérêt de l’œuvre du poète – indéniables -, je m’empresse d’interroger plusieurs personnes dont je pense que l’avis pourrait être utile : artistes, conservateurs de musée principalement. 
Une fois écrit, je fais relire ce memo aux élus de la liste Pamiers Citoyenne, pour amendement et validation. Puis je l’envoie, le 25 juin 2021, à Madame la maire, au premier adjoint, et à quelques personnes, élus et non élus, intéressées par l’affaire. 
Aucune réponse ne nous sera donnée par la mairie.
A ce stade, je ne demandais qu’une chose, que les élus des groupes d’opposition soient associés à cette commission d’étude, afin que chacun puisse avoir accès aux délibérations des experts mandatés, et qu’une décision, pour ou contre, puisse être prise par l’ensemble des élus. Mais il ne sera fait aucune réponse à cette demande, et c’est en cela que je considère que des dysfonctionnements doivent être pointés, non seulement de la part de l’élu à la culture, mais aussi de la part des élus en charge de la direction de la mairie. Ils auraient dû, très clairement, au moins nous auditionner pour comprendre ou contredire nos arguments. Et au mieux mettre en place la commission d’études que nous appelions de nos vœux. Mais ils ne l’ont jamais fait. 
Je passe sur plusieurs passes d’armes à ce sujet, en commission et en conseil, et sur mes tentatives de mobiliser les acteurs culturels de la ville de Pamiers. 
Mais dans le courant de l’hiver 2021, parlant avec les uns et les autres, je sens un revirement s’esquisser

Tout d’abord, une délibération nous propose de voter un budget de 80 000 euros pour une étude portant sur les travaux à effectuer au Carmel en vue d’accueillir la donation Serge Pey. Ce chiffre extraordinaire de 80 000 euros pour des études nous scandalise, mais bien entendu, comme un seul homme/femme, les élus du camp Thiennot votent ce budget, qui prévoyait un co-financement à hauteur de 20 000 euros de la part de la CCPAP.

Surprise, quelques jours après ce vote en conseil municipal de Pamiers, Daniel Mémain et Michèle Goulier de Pamiers Citoyenne interviennent en Conseil Communautaire CCPAP sur la même délibération « miroir » visant à octroyer la subvention de 20 000€ à la mairie de Pamiers pour ce projet « fumeux » d’études. Ils sont rejoints dans leurs arguments par plusieurs élus communautaires de Pamiers et d’autres communes et au final la délibération est retirée pour un réexamen ultérieur qui n’aura jamais lieu ! Peut-être le début de la fin ?
Toujours est-il que lors de la commission culture du 28 mars 2022, il nous est annoncé qu’une demande de subvention est proposée pour une étude faisabilité de travaux sur le Carmel, dont le coût, 21 600 euros, m’étonne. Je demande aussitôt si cette demande de subvention remplace celle qui avait été demandée de 80 000 euros. Et l’on me répond que oui. Je continue mon questionnement en demandant si la subvention de 80 000 euros était bien abandonnée, avec une réponse positive. Je demande donc si dans ce nouveau projet d’étude il était compris de conditionner les travaux à l’accueil des collections de Serge Pey. Une réponse négative m’est alors faite. Sans aller plus loin dans mon questionnement, je comprends que sans vouloir l’avouer, c’est la preuve manifeste que le projet Serge Pey est enterré. 
Je renouvellerai ces questions au cours du Conseil municipal suivant, le 30 mars. Sans vouloir une fois de plus l’avouer, Madame la maire laissera  penser que le projet d’accepter la donation Serge Pey est abandonné. 
Et nous voilà donc au mois d’avril 2022, où je fais part de mon intuition sur l’abandon de cette donation aux uns et aux autres. Quand le Conseil Municipal du 12 avril arrive, nous échangeons encore autour de cette question avec notamment les journalistes, et les membres de l’autre groupe minoritaire à la mairie de Pamiers. 
C’est donc le 13 avril que le suspense prend fin, avec la parution de la lettre de Serge Pey. L’article de La Dépêche paraît le 13 avril au soir en ligne, et en kiosque dans le journal du 14 avril, qui diffuse très largement l’affaire. 
Outre que l’on peut considérer qu’une fin positive est donnée à cette affaire – parce que le coût de l’accueil et de la mise en valeur de cette collection aurait été exorbitant, et que la ville de Pamiers aurait été prisonnière de cette donation 70 ans encore après la mort du donateur – il faut surtout noter qu’elle met en exergue un mode de fonctionnement peu compatible avec la bonne gestion d’une collectivité locale. Que nous révèle en effet ce que l’on peut bien appeler un scandale ?
  • Qu’un élu, l’adjoint à la culture, s’est senti à ce point libre de prendre une initiative très discutable, et de la porter aussi loin qu’il a pu sans jamais écouter les acteurs locaux de la culture, dont pas un seul n’est jamais venu le soutenir dans ce projet.
  • Qu’un élu, l’adjoint à la culture, n’a jamais écouté honnêtement et calmement les élus du groupe Pamiers Citoyenne, qui sont tout de même avertis dans le domaine concerné, et qu’il n’a pas pris la peine d’envisager ce qui était le début de la sagesse, à savoir le fait de nommer une commission d’étude.
  • Que des élus en charge de la mairie de Pamiers, n’ont pas pris la peine d’auditionner les élus du groupe Pamiers Citoyenne, alors qu’ils leur avaient transmis un document qui les mettait très clairement en garde contre les dérives financières et organisationnelles d’un tel projet.
  • Et enfin, que l’on a fait miroiter à un artiste, Serge Pey, la possibilité de voir son nom associé à un lieu prestigieux, le Carmel de Pamiers, et sa collection y être conservée et valorisée après sa mort, sans donner de suites concrètes.

2021 09 Serge Pey Ariegeois car l’ART Y EST JOIE

Le résultat de tous ces dysfonctionnements est désastreux pour la ville, puisque la lettre que le poète a écrite, après qu’il a constaté qu’on lui avait fait de vaines promesses, va circuler bien au-delà de la ville, peut-être même jusqu’au Japon, et en ternir l’image durablement. 
Les élus de Pamiers Citoyenne, quant à eux, ont fait leur travail durant tout le déroulement de cette affaire, et peuvent se féliciter qu’enfin le bon sens a prévalu. Il reste à suivre les évolutions de cette affaire, et notamment la façon dont les élus du groupe majoritaire comprendront la leçon à tirer de cette malheureuse histoire. 
Ce que nous souhaitons, c’est qu’ils soient à l’écoute des élus minoritaires, à l’écoute des citoyens de la ville, et qu’ils s’appuient enfin, réellement, sur le tissu associatif qu’ils ne négligent que trop.
Xavier Malbreil
Crédit photo :  Serge Pey